Mitsubishi se lance dans l’hybride et pas à moitié ! Voici le premier 4×4 hybride rechargeable au monde à l’essai.
Un an après le lancement du Mitsubishi Outlander de troisième génération, la marque japonaise commercialise une version Hybride rechargeable au nom de PHEV (« Plug-in Hybrid Electric Vehicle »). Même s’il ne se différencie guère de la version thermique, nouvelle grille de calandre, feux arrière totalement transparents et logos PHEV, il fait tout de même tourner des têtes ! Croiser un gros SUV qui roule en silence c’est encore rare de nos jours. A bord, on retrouve l’excellente habitabilité pour les passagers avant comme à l’arrière. Mais quelques changements s’opèrent avec la présence des batteries. La banquette arrière coulissante et les deux places supplémentaires disparaissent, la garde au toit est réduite de 45 mm et le coffre perd 13 litres de chargement pour un volume totale de 463 litres. Ce n’est pas beaucoup, et pour cause, ce nouveau Outlander a été conçu pour accueillir le système hybride ! La position de conduite est bonne, et l’ergonomie ne souffre pas de reproche. Seul le système multimédia est un peu complexe et la carte du GPS pas très agréable. La qualité des assemblages est bonne mais les plastiques sont toujours durs pour un véhicule de cette gamme. Il se rattrape avec une liste d’équipements très complète, notre version « Instyle » dispose des feux Xénons, de la caméra de recule, de la sellerie cuir avec sièges chauffants, d’un régulateur de vitesse adaptatif, de l’alerte de franchissement de ligne, d’un système anti collision…
Passons au plus important, comment fonctionne ce système hybride ? Un moteur essence quatre cylindres 2.0 de 121 ch est associé à deux moteurs électriques sur chaque essieux d’une puissance de 30 kW (80 ch) chacun, ces derniers sont capables de tracter l’Outlander sur environ 50 km jusqu’à 120 km/h. Une fois la batterie épuisée, le moteur thermique se met en route pour recharger suffisamment la batterie afin de rouler toujours en électrique (mode Série), mais lorsque l’on demande plus de puissance, le moteur essence s’occupera d’entraîner les roues (mode parallèle). Quelles sont nos impressions après plusieurs jours d’essai ? Parlons tout d’abord de la recharge. Branché simplement sur une prise classique 10A, l’Outlander PHEV se charge en 5h (3h30 en 16A). Un câble de type 3 (430€) recharge 80% de la batterie en 30 minutes sur les bornes compatibles. Pendant qu’il est branché, c’est l’occasion d’utiliser l’application mobile « Mitsubishi Remote Control ». Gratuite et disponible sur l’Apple Store ou le Play Store elle connecte votre téléphone à la voiture en Wifi. Ainsi, vous pouvez connaître en temps réel le niveau de charge, la durée restante et tout est programmable : charge, climatisation, chauffage. Un sous-menu permet même d’accéder aux différents réglages du véhicule. Après avoir fait le tour de l’application, et la batterie étant chargée à 100%, nous prenons la route. Et c’est le silence à bord que l’on remarque tout de suite puis, en observant la planche de bord on s’aperçoit que le cadran des compte-tours est remplacé par un indicateur de puissance et de recharge. De plus l’écran tactile de la console centrale affiche en temps réel une multitudes d’informations sur le fonctionnement du système hybride. En ville, l’Outlander PHEV se conduit facilement et surtout paisiblement. Sur plusieurs parcours mêlant ville et route nous avons jamais atteins les 52 km annoncés mais plutôt entre 35 et 40 km. Ce qui est déjà pas mal pour un SUV de 1,8 tonnes. Une fois la batterie déchargée, le moteur thermique se met en route discrètement et tout se déroule automatiquement, on ne ressent absolument rien sur la conduite. Mais l’Outlander PHEV dispose de deux modes de fonctionnement que l’on peut tout de même choisir. Le premier « Save » conserve le niveau de charge de la batterie si vous ne souhaitez pas l’utiliser tout de suite. Le second « Charge » comme son nom l’indique actionne le générateur en permanence pour charger la batterie. Cependant, ça reste très long même à l’arrêt. Le moteur essence n’est pas la seule source de charge. Les ingénieurs ont intégrés un système de récupération d’énergie au freinage, jusque là c’est souvent le cas, mais ils ont surtout ajouté 6 intensités au choix. Et c’est malin ! Le conducteur peut alors choisir l’intensité du frein moteur via le levier de vitesse ou même les palettes sous le volant ! Seul reproche, à chaque démarrage le système ne conserve pas votre précédent réglage. C’est aussi le cas des différentes aides à la conduite comme par exemple le détecteur de franchissement de ligne qu’il faut à chaque fois déconnecter… Mais revenons au système de récupération d’énergie. C’est un véritable confort de conduite, en ville pas besoin d’appuyer sur les freins systématiquement, sur route c’est d’autant plus pratique lorsqu’il faut ralentir à la vue d’un véhicule sur notre file et comme on sait qu’en plus ça recharge la batterie et que ça allonge la durée de vie des plaquettes, on n’hésite pas l’employer. Le PHEV peut se montrer aussi dynamique même si l’on constate un léger tant d’attente quand le moteur thermique assiste l’électrique. Si l’on sollicite trop la pédale d’accélérateur le moteur essence se fait entendre en hurlant comme si l’on avait une boîte à variation continu et ce n’est pas très agréable. Là où le PHEV n’a pas grand intérêt c’est pour un usage essentiellement routier où seul le moteur essence fait avancer le SUV tout en rechargeant la batterie. La consommation grimpe alors à presque 10l /100. En revanche si vous effectuez des petits trajets, par exemple un parcours de 100 km, la consommation moyenne s’établit à 5l/100 km. Par rapport à une version thermique il faudra en revanche passer plus souvent à la pompe, le réservoir voyant sa capacité passer de 60 à 45 litres. Mais là ou le Outlander fait fort, c’est de proposer la transmission intégrale. Dépourvu d’arbre de transmission, ce sont les deux moteurs électrique qui font le travail. Un bouton « Lock » permet une répartition 50/50 en permanence. De quoi sortir des sentiers battus sans crainte. Côté tenue de route, le SUV nippon se comporte extrêmement bien sur la route et les prises de roulis sont réduites grâce au centre de gravité plus bas avec le poids des batteries. Malgré cela, le confort est très bien bien maîtrisé et sur tous les revêtements. Pas de doute on est très bien à son bord.
Cette technologie hybride est pour l’instant le meilleur compromis que l’on connaisse. C’est très simple, aucune émission de CO² pour les petits trajets, ce qui représente déjà une grande partie des déplacements des conducteurs, mais surtout aucune crainte de ne pouvoir recharger son véhicule en l’absence de borne puisque le moteur thermique est là. L’Opel Ampera et la Volvo V60 Plug in Hybride optent aussi pour ce fonctionnement, mais l’Outlander va encore plus loin en proposant une transmission intégrale.
A sa sortie, l’Outlander PHEV n’était guère intéressant en terme de tarif, la faute à une unique finition haut de gamme. On pouvait ainsi l’acheter à 49.900€ (bonus inclus) soit 8.310€ plus chère que la version Diesel de 150 ch ! Aucun intérêt donc. Il rencontre donc un grand succès dans les pays qui offre un meilleur bonus comme la Hollande par exemple, où l’on en a croisé régulièrement lors de notre essai. Depuis le mois de mai, le problème vient de se régler puisqu’il est maintenant disponible en France avec la finition Intense, ce qui le rend plus accessible, à partir de 39.900€, de quoi se laisser tenter. Les professionnels, s’ils sont éligibles à la TVS obtiennent 20% d’avantage fiscal la première année.
Conclusion
Mitsubishi offre un véhicule qui comporte un réel intérêt. L’Outlander PHEV peut rouler en électrique sur les petits trajets la semaine et s’accorder de plus longs trajets sans se poser de questions. Mais en plus, il offre une transmission intégrale pour les chemins compliqués. Nous avons hâte de découvrir les futures modèles PHEV de la gamme Mitsubishi dans les années à venir, puisque le constructeur annonce l’arrivée prochaine du système hybride sur l’ASX et le Pajero.
Nos photos : essai Mitsubishi Outlander PHEV